Un reportage consacrée à la formation en non-mixité des paysannes (dans les Civam !)
Le 11 octobre dernier, France 3 a consacré un reportage de son JT 19/20 à la formation en non-mixité des paysannes, en suivant l’un de nos groupes Civam, les Elles de l’Adage (35).
Un chouette reportage qui donne de la visibilité à ce sujet et à nos réseaux !
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-les-femmes-ont-aussi-leur-place-dans-le-pre_4803841.html
Et j’en profite pour passer un peu d’actu sur les Elles de l’Adage, à retrouver bientôt dans la LAD :
Les Elles ont un mot à vous dire ...
Le groupe des Elles de l’Adage, réunit des paysannes qui se retrouvent en non-mixité choisie pour échanger sur leurs vécus, se former, et travailler sur la question de la place des femmes en agriculture afin de faire évoluer leurs rôle et statut sur les fermes. Si le partage de vécus leur permet de prendre conscience que leurs problèmes ne sont pas individuels mais systémiques, leur première volonté était de chercher à s’autonomiser sur leur ferme à l’aide de formations techniques. Et depuis, les paysannes ont eu envie de communiquer sur leurs prises de conscience avec d’autres, hors du groupe. Les Elles ont profité de la dernière Assemblée Générale de l’Adage pour préparer et jouer une représentation scénique pour faire passer un message.
"Et, il est où le patron ?" Cette phrase, toutes l’entendent régulièrement. Selon les jours, ça les met en colère ou ça les décourage. Chaque fois ça leur rappelle qu’être une paysanne cheffe d’exploitation ne va pas de soi dans notre société. "Je ne suis pas là, je suis transparente, on ne me regarde pas dans les yeux ! "
CAPABLES.
Elles sont fières d’être paysannes, aiment leur métier, parfois difficile, et se sentent souvent peu reconnues pour l’ensemble de leur travail à la ferme, à la maison, à l’extérieur. Elles font toutes face à des remarques, encaissent des blagues, et ne parviennent parfois pas à s’attribuer des tâches ou responsabilités qu’on ne leur connaît et reconnaît pas.
"Moi je ne me suis jamais mise en situation de ‘je ne suis pas capable’, on m’a mise en position de ‘tu n’es pas capable’ " C’est ce sexisme ordinaire, qui pèse, qu’elles veulent rendre visible aux yeux de tous et toutes, comme elles l’ont rendu visible à leurs propres yeux. Parce qu’elles le disent : "nous sommes paysannes et nous sommes capables ! "
Avec les Elles, loin des clichés de "moment chouquettes", café et "rage des hommes", elles se retrouvent en non-mixité pour se former, s’exprimer et partager leurs difficultés mais aussi leurs petites victoires personnelles dans ce monde d’apparence très masculin. "Ça renforce la confiance en soi". C’est un message rempli de puissance et de motivation collective qu’elles veulent partager : "Soeurs du silence, sortons de l’ombre, vous entendez, l’invisible gronde".
FEMMES ET TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE.
En 2020, le groupe a été labellisé GIEE et a alors initié une étude pour interroger le rôle et la place des agricultrices dans les changements vers une transition agroécologique. Des récits de vie ont été récoltés auprès de 11 femmes de l’Adage, toutes installées en bovin lait mais présentant des trajectoires de vies hétérogènes. Nous avons remarqué que sur les fermes, les changements opérés dans le travail sont impulsés par un besoin de cohérence entre des valeurs personnelles et l’activité quotidienne. Pour certaines femmes, le changement provient d’un besoin de palier à une inégalité vécue, principalement le fait de ne pas trouver de place sur la ferme. Pour d’autres, il renvoie à un travail de "care" envers les autres et l’environnement.
Les changements portés sont synonymes de modification dans l’organisation du travail (répartition des tâches non plus sur un critère de genre mais d’envies) dans la gouvernance (prendre part aux décisions et être entendue) et dans la création de résilience de la ferme (diversification des ateliers de production, ouvertures dans l’espace extérieur) et donc de transition agroécologique.
Publié le jeudi 28 octobre 2021, par .