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Appel pour la protection de l’île de Groix et de ses pollinisateurs

Chère amie, cher ami,

Au large de la côte sud de la Bretagne, balayée par les embruns du golfe de Gascogne, l’île de Groix offre un refuge privilégié pour les pollinisateurs.

Sur ce territoire unique au monde, où pesticides et agriculture intensive sont bannis, les landes à ajoncs d’Europe et à bruyère vagabonde regorgent d’une diversité de plantes sauvages, aromatiques et médicinales, et de recoins où peuvent nicher bourdons, osmies, xylocopes, et quantité d’autres pollinisateurs indispensables et précieux.

Ce petit paradis est également l’un des derniers refuges de l’abeille noire locale Apis mellifera mellifera, présente depuis des millénaires sur notre continent, mais quasiment disparue en France…

…mise en péril par l’utilisation massive d’intrants chimiques dans son environnement naturel et l’importation d’espèces d’abeilles exotiques jugées plus rentables pour la production de miel et autres produits de la ruche.

Cette petite butineuse noire et robuste a pourtant résisté à deux glaciations. Elle s’est adaptée à la perfection, siècle après siècle, saison après saison, aux aléas climatiques, à l’évolution des ressources florales et aux prédateurs locaux (1).

De récentes recherches menées avec le Conservatoire d’abeilles noires de Groix, l’Asan.Gx, montrent même que l’abeille noire locale est capable de cohabiter avec le fameux acarien parasite Varroa destructor, qui, presque partout ailleurs en France et dans le monde, cause des dégâts considérables dans les ruchers (2).

Grâce à sa nature sauvage et son adaptabilité extraordinaire aux territoires avec lesquels elle a co-évolué depuis des temps immémoriaux, l’abeille de Groix n’a besoin ni d’intervention humaine à outrance, ni de traitement chimique, pour résister à ses prédateurs.

Cela est rendu possible parce que les apiculteurs de l’île de Groix, amateurs passionnés, ont choisi de miser sur la nature, les conditions environnementales propices et la sélection naturelle, plutôt que sur les traitements pharmaceutiques et autres intrants dans les ruches, laissant les abeilles se débrouiller seules avec les parasites présents sur l’île.

Parce qu’on se trouve, aussi, sur un territoire protégé par la mer et épargné par les produits toxiques. Et parce que les apiculteurs, tous amateurs, demandent peu ou pas de miel à leurs précieuses abeilles.

Toutes ces raisons font de l’île de Groix un territoire singulier, avec une situation quasiment unique au monde, qu’il est impératif de préserver.

Et pourtant, ce délicat équilibre est aujourd’hui dangereusement menacé (3).

Les apiculteurs volontaires qui se battent pour assurer les conditions de sa préservation sont inquiets : à tout moment, leur travail pourrait être réduit à néant…

>>> par l’importation sur l’île d’essaims d’abeilles exotiques et non adaptées aux conditions locales avec lesquelles les abeilles noires locales pourraient s’hybrider et s’affaiblir ;

>>> par l’introduction de matériel apicole usagé contenant des germes de nouvelles maladies contre lesquelles les butineuses groisillonnes seraient encore sans défense ;

>>> par l’installation d’apiculteurs aux pratiques plus intensives, attirés par cette situation exceptionnelle mais si fragile, et qui pourraient sans même le vouloir introduire de nouveaux pathogènes ou parasites, mêler aux abeilles de Groix des abeilles inadaptées aux conditions locales, et accroître dangereusement la compétition entre les abeilles et les autres pollinisateurs sauvages qui habitent l’île ;

>>> ou même par le développement d’une activité d’élevage de reines, non contrôlé par une commission scientifique ni une législation forte, qui chercherait à capitaliser sur le patrimoine génétique exceptionnel de l’abeille noire locale en reproduisant à l’identique des centaines de reines demi-sœurs à partir d’une seule ruche, ce qui conduirait à une uniformisation et un appauvrissement génétique funeste pour les populations d’abeilles locales de l’île.

C’est pourquoi POLLINIS et une vingtaine de chercheurs du monde entier parmi les plus renommés dans le domaine de la conservation des pollinisateurs sauvages et des abeilles à miel (4) s’associent pour soutenir Groix.

Ils réclament de toute urgence une protection de l’île de Groix et la création d’un havre de paix unique pour la population exceptionnelle d’abeilles et de pollinisateurs de l’île.

Et nous avons besoin de vous aujourd’hui.

Votre soutien nous aidera à convaincre l’État français qu’il est urgent de prendre des mesures juridiques fortes pour protéger durablement l’île de Groix et ses inestimables pollinisateurs.

S’il vous plaît, prenez quelques minutes pour signer l’Appel à la protection de l’île de Groix et ses pollinisateurs en cliquant ici.

https://action.pollinis.org/sign/protection-juridique-groix/?t=2&akid=13027%2E159745%2E74E9pY

Pétition au Ministre de l’Agriculture et au Ministre de la Transition écologique

Alors que, partout en France, les écotypes locaux d’abeilles à miel (Apis mellifera mellifera) présentes depuis un million d’années sur le territoire, adaptées à la flore et aux conditions locales, et possédant d’extraordinaires capacités d’adaptation aux maladies, sont menacées de disparition par les pratiques plus intensives de l’agriculture et de l’apiculture, sur l’île de Groix des apiculteurs et des scientifiques tentent d’étudier et de préserver ce patrimoine naturel commun irremplaçable. Pourtant, leur travail est chaque jour menacé et pourrait être réduit à néant faute de protection juridique adéquate.

Afin de soutenir leurs efforts et faire de Groix un havre de paix pour l’abeille noire locale et tous les insectes pollinisateurs, je vous demande la mise en place :

➔ d’une législation forte, qui encadre fermement toute importation sur l’île d’abeilles et de matériel apicole, et proscrive toute pratique d’élevage intensif, comme l’insémination artificielle des reines, la manipulation génétique ou la sélection artificielle des colonies d’abeilles ;

➔ d’un comité scientifique de naturalistes conseil pour tous les apiculteurs îliens, et garant de la préservation des abeilles locales et de tous les insectes pollinisateurs présents sur l’île ;

➔ de sanctions dissuasives pour ceux qui ne respecteraient pas ces règles, et les moyens pour les autorités locales de les faire appliquer, pour rendre possible et durable la protection des précieux insectes pollinisateurs de Groix et de toute la biodiversité florale et animale qui en dépend.

Publié le lundi 14 février 2022, par La Marmite.