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Témoignage - J’étais à Ste Soline

La FRCIVAM Bretagne vous invite à lire le témoignage de Michel Sauvée, adhérent d’Ille et Vilaine qui a participé à la manifestation de Ste Soline contre les méga-bassines le 25 mars.

Les événements de ce WE et les questions de partage de l’eau ne nous laissent pas indifférents et nous incitent à porter le débat sur le fond, celui des pratiques et des systèmes agricoles, celui de la coopération dans les territoires.

Témoignage de Michel Sauvée, adhérent Civam en Ille et Vilaine

J’étais à Sainte Soline le 25 mars.

Des rivières humaines marchent par les chemins, les champs, les routes pour s’approcher de la méga bassine. Ce sont des jeunes pour la majorité. C’est joyeux, les gens échangent, remarquent les étendues de champs sans arbre délimitées par de profonds fossés. Les drapeaux des organisations flottent dans le vent.

On s’approche de la méga bassine en construction gardée par les forces de l’ordre très nombreuses, venues protéger un bien privé financé à 70% par de l’argent public.

On est là nous pour rappeler que l’eau est un bien commun et protester contre son accaparement. Dire que les mégas bassines sont une aberration et une mauvaise réponse au changement climatique.

Des avalanches de grenades lacrymogène et de désencerclement mêlées aux mortiers d’artifice et aux cailloux éclatent. Les blessés extraits de la zone d’affrontement par leurs camarades crient, pleurent. Partout on entend « médic ! Médic ! ». Les quads arrivent derrière nous tirant sur la foule des gaz lacrymogènes ,on ne voit plus rien , c’est la sidération.

Une manifestation interdite et annoncée violente par les responsables politiques ne pouvaient pour le coup n’être que conforme à ce qui était dit. Pourtant, les marches pacifiques pour le climat, les différents rapports du GIEC pointent l’urgence à agir et à changer notre modèle agricole. Rien n’y fait.

La radicalisation des actions est une façon de mettre au jour les réponses inadaptées, les tous petits pas ou l’inaction des politiques publiques d’aujourd’hui pour répondre aux enjeux de demain. Déclarer que ces mouvements contestataires sont les ennemis de la démocratie est extrêmement dangereux et démontre comment on peut glisser vers de l’autoritarisme.

Au contraire, ces mouvements proposent des alternatives et posent la question de la justice, de l’équité, de l’égalité et renvoient à l’Etat la responsabilité d’y répondre dans l’intérêt des plus faibles et du plus grand nombre.

La réponse de Macron et de son gouvernement face aux questions d’aujourd’hui est un refus de dialogue, que ce soit sur les retraites, les mégas bassines ou les mesures agro-environnementales (MAEC).

Comment construire l’avenir ?

Michel SAUVEE,
30/03/2023

Publié le mardi 18 avril 2023, par La Marmite.